L'HISTOIRE DES PARACHUTISTES 3

 

 

1/  NOS  ANCÊTRES  PARAS (suite)

 

Une femme invente le pliage du parachute...

- Si l'on demandait aux parachutistes, lorsqu'ils plient leur parachute, après un saut,

à qui ils doivent l'invention du pliage, beaucoup seraient surpris de savoir qu'il s'agit

d'une femme ! Mais il faut bien avouer que le nom de la belle Kathe Paulus ne s'inscrit

pas en lettre d'or dans l'histoire. Elle était fiancée d'un aérostier avec lequel elle faisait

des exhibitions aériennes. C'est pour accentuer l'attrait qu'elle en vint à effectuer des

sauts en parachute.

 

- Cette allemande a réalisé les premiers pliages d'un parachute et les premières mises

en gaine des voilures en 1892.

Jusque -là, ne l'oublions pas, les parachutes étaient généralement ouverts à l'avance en

dessous, au-dessus ou sur le côté des ballons.

 

- Kathe sautait avec deux parachutes qu'elle ouvraient successivement. Il convenait donc

que le pliage soit impeccable, en conséquence elle prenait les mêmes précautions prises

aujourd'hui pour éviter que les suspentes ne s'emmêlent !

Madame Paulus, de 1839 à 1909, accomplit 147 sauts dont 65 avec ouverture successive

des deux parachutes.

Cette photo la représente, coquettement chapeautée, enjambant la nacelle :

 

 

- C'est à cette époque d'ailleurs, que deux américains, Stevens et Broadwick, imaginent

de mettre la voilure et les suspentes dans un sac à dos, un peu comme celui que nous

connaissons actuellement.

A noter qu'il y a une variante dans les deux systèmes. Stevens a mis au point une extraction

à partir d'une broche et Broadwick à l'aide d'une sangle comme cela se fait à présent pour

les ouvertures automatiques.

 

Un pas de géant dans le domaine de la technique, mais pourtant...

- Malgré les différentes avancées technologiques, rendant l'utilisation du parachute plus sûre,

le parachute n'arrive pas à intéresser les spécialistes.

 

- Il fallu beaucoup d'exhibitions et de morts pour persuader les aérostiers et surtout les

aviateurs de l'utilité du parachute :

 

Une nécessité enfin reconnue...

- Le 09/10/1880, Ader vole 50 m, le 14/10/1897, 300 m. Le 17/11/1903, les frères Wright

réussissent leur premier vol.

Sur leurs avions il n'y a pas de place pour le parachute. Ce n'est que plus tard, quand le

22/08/1909 Latham bat le record d'altitude avec 155 m ou quand Garros le porte, en 1911,

à 3910 m, que le besoin commence à se faire sentir.

 

- A la fin de 1910, 101 accidents ont causés 28 morts. Le capitaine Couade en recense 78

en novembre 1913 dont 40 %, ayant fait une chute de plus de 100 m, auraient pu être sauvés

par un parachute. L'opinion public s'émeut. Aussi dés 1910, l'aéroclub de France crée le prix

Lalande pour récompenser la réalisation d'un parachute d'avion efficace, pliable, et d'un volume

réduit au maximum.

 

- En août 1910, la conférence internationale  des lignes aériennes émet le voeu "qu'à chaque

appareil soit annexé un dispositif formant parachute". Il faudra attendre au moins dix ans pour

que le parachute devienne obligatoire.

 

Les pilotes d'avions pensent que seule leur extraction en force de leur siège...

- Connaissant l'instabilité de leur machine et tous les obstacles qu'il leur faut enjamber avant

de gagner leur siège, les pilotes pensent que seul leur extraction en force de leur siège par

le parachute peut leur permettre d'être sauvé. Cela donne lieu à des inventions assez surprenantes.

Le moteur de l'extraction est, dans tous les cas, la force de la voilure gonflée par le vent relatif

de l'avion.

 

- Pino réalise un chapeau spécial contenant un petit parachute extracteur, il suffit de le lancer

pour qu'aussitôt l'extracteur se déploie, se gonfle, et sorte la voilure du sac ou elle est rangée.

 

- Odkolek est plus ingénieux : il veut que la voilure soit dégagée des remous de l'arrière de

l'avion et qu'elle s'ouvre de façon sûre. Pour cela, il imagine un système pyrotechnique en

deux temps. Au premier, une fusée étire la voile hors du container oû elle est pliée. Au second,

le bord d'attaque de la voile est écarté permettant à l'air d'y pénétrer facilement. Ce système

sera repris dans les années 1960 par l' U.S Army pour des besoins différents.

 

- Robert, Esnault-Peltrie, Bonnet prévoient, eux, de placer leur voilure allongée sur le fuselage

à l'arrière du pilote. Libérée par un système mécanique ou à sandows, elle se gonfle et arrache

le pilote de son siège.

De nombreuses astuces sont ainsi inventées, comme une chambre à air de vélo cousue le long

du bord d'attaque.

Ces dispositifs sont souvent dangereux car il y a risque de libération intempestive de la voilure.

Bonnet imagine alors une attache du pilote à l' avion qui ne se déverrouille que sur commande

du pilote, un instant avant de libérer la voilure.

 

1912, le premier homme à sauter d' un avion...

- Albert Berry, trente-trois ans, aérostier connu aux États-unis sera le premier homme à sauter

en parachute d'un avion. Gagnant sa vie grâce à des exhibitions parachutistes à partir de ballons,

il est contacté par le directeur de l'école d'aviation "Benoist" de Kinlochpark près de St Louis pour

faire un saut publicitaire pour lancer un nouveau modèle d'avion.

Son parachute est en soie et se termine par un trapèze, système classique à l'époque aux U.S.A.

Il est logé dans une boîte conique fixée sous le fuselage sur l'axe du train d'atterrissage.

Les suspentes sont reliées au harnais du parachutiste assis dans l'avion par une sangle flottant

librement. Il suffit à l'utilisateur d'enjamber la carlingue. Son poids entraînera la voilure hors du

container et elle se gonflera en quelques secondes. Le 01/03/1912, vers 14h30, l'avion décolle

piloté par Anthony Janus. En une demi-heure il grimpe à 450 m et rejoint le lieu de saut sur lequel

300 soldats manoeuvrent. Berry saute, le parachute met près de 200 m à s'ouvrir. Après avoir

évité de justesse le mess, Berry se pose au milieu des soldats qui le portent en triomphe au

colonel Wood, leur chef.

 

- Rodman Law sera le deuxième parachutiste à sauter "d'un plus lourd que l'air", ce sera d'un

hydravion le 13/04/1912.

 

Les français travaillent à améliorer la sécurité aérienne...

- Suivons maintenant ceux qui travaillent à améliorer la sécurité aérienne. Il s'agit presque

exclusivement de français, peut être parce qu'ils sont alléchés par le prix Lalande ? Plus prudent

que les cascadeurs américains, ils travaillent non à partir d'avion mais d'ouvrages d'art et utilisent

des lests au lieu d'hommes. C'est ainsi que la tour Eiffel devient la première tour à parachute connue.

 

- Ainsi de nombreux essais y sont réalisés de 1911 à 1914 dont ceux de Hervieux, Robert,

Mayoux, Bacq, et Ors ci dessous:

 

 

- Rappelons ici le premier saut humain de la tour, hélas fatal, exécuté le 06/02/1912 par Reichelt.

Son habit parachute n'était pas au point :

 

 

- Enfin d'autres sites de sauts sont choisis, Odkolek fait ses essais à partir du sol (12/12/1912) ou

d'un véhicule en marche (15/02/1913).

Les ponts transbordeurs sont recherchés pour leur hauteur et leur situation. Cela nous vaut les essais

des parachutes Kojtelnikov (Ossowski à Rouen, janvier 1913), Ors (Ors à Rochefort, mars 1913).

Moins prisés sont les viaducs. (Froidure, avril 1913)

 

Pegoud 1913 : le premier français à sauter d'un avion...

- Le premier européen à imiter Berry est Pégoud, le 19/08/1913, à proximité de Buc, dans la vallée

de la Chevreuse.

Seul à bord de son avion, un Blériot, il expérimente le parachute Bonnet dont il est parlé plus haut.

Cette fois c'est un saut à l'arraché. Le parachute est allongé, plié, sous un couvercle fixé sur le fuselage.

Quand le pilote ouvre ce couvercle, la voilure libérée se gonfle et l'extrait de son siège.

 

- L'expérience réussit et vaut à Bonnet le prix Lalande de l'aéroclub de France :

 

 

 

- Les autres sauts d'avions sont des sauts de cascadeurs même s'il prélude au matériel de sauvetage.

Le 12/02/1914, Jean Ors saute d'un monoplan Duperdussin au dessus de Juvisy. Ils s'étaient installés

entre les roues du train d'atterrissage.

Le Bourhis prend la relève de Pegoud comme parachutiste de Bonnet. Madame Pelletier saute avec

le parachute de son mari, et pour corser le spectacle, elle s' installe sous l'avion.

 

- Un concours de "sécurité en aéroplane" est organisé en juin 1914. Il est gagné par le parachutier

Robert : son parachute pose un lest en bon état après un lancer d'avion de 80 m...

 

Incroyable mais vrai !

- La guerre ne permet pas de donner suite au projet du ministre des armées de doter ses pilotes de ce parachute.

La première guerre mondiale débute le 15/08/1914. Les nations européennes, seule concernée au début, envoient

leurs équipages au combat sans parachute malgré les dangers connus et prévisibles qui guettent ces derniers.